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Innover sur demande, épisode 19 : Une culture de l'expérimentation (DDN2-P19)

Description

Dans cet épisode du balado intitulé Innover sur demande, l'animatrice Natalie Crandall s'entretient avec Pierre-Olivier Bédard et Sarah Chan, du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, au sujet de la façon de faire de l'expérimentation une partie intégrante des activités afin de ne pas se laisser distancer par les chefs de file du marché.

Durée : 00:27:05
Publié : 19 janvier 2021
Type : Balado


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Innover sur demande, épisode 19 : Une culture de l'expérimentation

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Transcription : Innover sur demande, épisode 19 : Une culture de l'expérimentation

Todd
Je m'appelle Todd Lyons.

Natalie
Je m'appelle Natalie Crandall.

Pierre-Olivier
Je m'appelle Pierre-Olivier Bedard.

Sarah
Je m'appelle Sarah Chan.

Todd  
Et voici le balado « Innover sur demande ».

Pour paraphraser ce qu'écrivait Stefan Thompke dans la Harvard Business Review : « pour que l'innovation soit couronnée de succès, les organisations doivent faire de l'expérimentation une partie intégrante de l'entreprise ». Pourquoi? Parce que c'est l'approche qui a permis aux entreprises naissantes de faire dérailler les leaders du marché. Mais si c'est si vital, pourquoi n'y a-t-il pas plus d'organisations qui font ainsi? C'est une question de culture, affirme-t-il. Ce n'est pas tant le manque d'outils et technologies qui freine les organisations, mais plutôt la mentalité. Susciter la curiosité, donner à chaque employé le pouvoir d'être le fer de lance du changement et accepter l'échec : tout cela peut sembler être du gaspillage et du risque. Où en sommes-nous dans la fonction publique fédérale?

Todd  
Bienvenue!

Sara et Pierre-Olivier
Merci!

Natalie 
Merci de votre présence! Donc, vous faites partie de l'équipe de l'expérimentation. Dites-nous un peu à quoi peuvent ressembler les travaux dans une équipe d'expérimentation, dans ce type d'environnement, et ce que signifie avoir le mandat d'expérimenter au gouvernement fédéral.

Sarah 
C'est génial! Nous existons depuis seulement trois ans, dans notre forme et notre structure d'équipe actuelles. L'équipe est très petite, mais aussi très diversifiée. J'ai, près de moi, mon collègue Pierre-Olivier qui a une grande expertise en conception expérimentale en administration publique. Je n'ai pas un doctorat dans ces domaines, mais je travaille depuis 10 ans au gouvernement, surtout dans la communauté du domaine de l'innovation en matière de politiques. J'ai une grande passion pour le renforcement de la communauté et les nouvelles façons de travailler. Comment peut-on améliorer sa façon de travailler? Comment intégrer des preuves à nos travaux? Peu importe ce que vous faites, il faut toujours gérer les choses comme il faut, tenir les autres au courant de ce que l'on fait et leur demander ce qu'ils font de leur côté, faire des liens, donner des exemples. Donc oui, nous pouvons dire que nous aimons vraiment notre travail et que nous en parlons volontiers.

Pierre-Olivier
Ouiiii! Aussi, étant donné que nous travaillons sur l'expérimentation, j'ai l'impression qu'il y a un lien avec d'autres secteurs d'activité de l'innovation et autres aspects du genre. J'ai donc l'impression que notre façon de travailler reflète aussi un engagement plus large par rapport à ces idées. Il serait donc un peu étrange ou inhabituel de prôner l'expérimentation et l'innovation sans les intégrer dans nos propres méthodes de travail. J'ai donc l'impression que nous essayons de faire en sorte que les méthodes de travail reflètent nos propres idées et principes.

Sarah
Il faut aussi mentionner qu'au tout début, l'équipe a littéralement commencé par 1,8 ETP et même, à l'heure actuelle, en ce moment même...

Natalie
Ça fait très « statistique du Conseil du Trésor », en passant.

Sarah
... nous sommes 2,3 ETP. Nous sommes ravis de savoir que nous passerons à environ cinq ETP dans l'année qui vient, mais nous avons toujours été une petite équipe. Et donc je pense que, dès le début, c'était clair pour nous : comment promouvoir l'expérimentation? Ce n'est probablement pas nous qui mènerons toutes les expériences. Ce sont généralement les ministères qui ont la possibilité d'expérimenter les programmes qu'ils offrent et les politiques qu'ils élaborent qui ont des liens avec les programmes et les services offerts aux Canadiens. C'est pourquoi je pense que l'une des meilleures choses que nous ayons pu construire est l'initiative « L'expérimentation à l'œuvre ». L'idée est donc d'essayer d'identifier, par un processus de sélection que nous venons de terminer, les domaines d'expérimentation prometteurs au sein du gouvernement fédéral. Nous sommes à la recherche de domaines qui pourraient faire l'objet d'une expérience, mais dont les responsables ignorent comme la mettre pleinement en œuvre, parce que c'est un peu difficile. Cela nécessite une grande expertise. Ou encore, les responsables ont peut-être de l'expertise, mais il pourraient en mettre davantage à profit. C'est donc ce sur quoi nous travaillons actuellement dans le cadre de nos autres activités. Et nous espérons que le SCT pourra jouer le rôle d'intermédiaire et repérer identifier les experts au sein du gouvernement fédéral, plus particulièrement dans nos ministères à vocation scientifique, pour solliciter leur participation. Nous avons maintenant trouvé plus de 20 experts qui ont répondu qu'ils aimeraient bien aider un autre service, ou quelqu'un de leur service dans une autre équipe qui veut mener une expérience, mais qui ne dispose peut-être pas de suffisamment d'expertise. Mais ils ont un domaine tellement intéressant et un si bon potentiel pour mesurer ou mettre quelque chose à l'essai, ou encore pour mettre en œuvre deux versions différentes et voir laquelle fonctionne le mieux.

Pierre-Olivier
Oui, parce que nous avons vu qu'il y avait un certain intérêt et une demande de soutien pour ce type de projets. Les ministères ont donc réagi dans une certaine mesure à la sélection précédente, aux lettres de mandat que nous mettons en évidence dans la prise de décision fondée sur des preuves, à la nécessité de mettre à l'essai de nouvelles idées, etc.. Aussi, une directive à cet égard avait été formulée à l'intention des administrateurs généraux, donc constatons cette compréhension de l'expérimentation. De nombreux ministères ont donc adhéré à ces idées, mais n'avaient pas la capacité de les mettre en œuvre. C'est là que le Conseil du Trésor a commencé à jouer un rôle pour orienter les ministères, non seulement en disant : « Voici comment vous devriez expérimenter et veuillez maintenant procéder », mais en renforçant les capacités, et en les accompagnant pour le développement. Cela a donc été une expérience intéressante, du moins de mon point de vue, car j'y ai participé avant même de rejoindre le SCT, et j'ai commencé à travailler en soutenant officiellement le SCT et d'autres ministères et en menant ce genre d'expériences. J'ai donc pu constater la valeur ajoutée pour moi en tant qu'expert, en apprenant ce que font les gens et en découvrant comment l'on peut mettre en œuvre ce type de projets complexes et leur permettre de bénéficier de mes conseils et de mon encadrement à un coût très faible, voire nul.

Sarah
Oui, nous exécutons pour ainsi dire « L'expérimentation à l'œuvre » sans budget fixe. Nous ne disposons pas de budget à cette fin. Nous nous sommes dit : « Ne serait-ce pas formidable de trouver des experts et qu'ils soient intéressés de soutenir des projets un peu partout au gouvernement! » C'est donc très intéressant! Et je pense que tout ce que nous avons fait l'a été dans un état d'esprit du genre de « Bon, nous n'avons pas beaucoup de ressources, et il n'y a peut-être pas d'appétit en ce moment pour entreprendre plus que ce qu'ils nous ont donné ». Donc, que pouvons-nous faire avec ce que nous avons? Et comment pouvons-nous continuer à envoyer des messages aux autres décideurs pour leur dire : « Hé, regardez comme il y a de la demande pour cela ». Regardez ce qu'il faut vraiment faire pour y parvenir. Il ne suffit pas de dire « Vous ferez des expériences ». Que voulons-nous dire par là? De quelles méthodes parlons-nous? De quel type d'expertise avez-vous besoin, quelles considérations doivent être prises en compte? Par conséquent, comment vous y prendriez-vous concrètement? Et donc, une autre sorte de catalyseur pour « L'expérimentation à l'œuvre », a été lorsque nous avons commencé en 2017. Nous nous sommes demandé « Alors quelles sont les expériences qui ont lieu en ce moment au gouvernement? » Il fallait donc aller à la rencontre des ministères et discuter avec eux. Donc soit on en trouve un peu, soit non, parce que nous n'avons peut-être pas encore les réseaux pour comprendre où les expériences ont lieu. Ou encore, nous en avons trouvé de très bons, mais ils n'avaient pas vraiment les ressources supplémentaires pour documenter la démarche en cours de route. Nous n'avions que les ressources nécessaires pour mener à bien les essais, et voici notre rapport sur les résultats. Voici ce que nous avons mis à l'essai et ce que nous avons appris, mais nous n'avons pas documenté la précieuse démarche, par exemple les types d'approbations nécessaires, et tout cela. Nous nous sommes donc demandé ce qui se passerait si nous étions impliqués dans des expériences dès le début et si nous fournissions les ressources nécessaires pour décrire la démarche, fournir une partie de la documentation et faire part des leçons apprises afin de les diffuser dans le système et de dire : « Voilà à quoi ça ressemble, faire une expérience ». C'était là une autre source de notre motivation.

Pierre-Olivier
Nous avons donc rendu public le fait que nous avons une page sur canada.ca, ainsi qu'un blog d'intérêt public, ouvert à tous. Un participant de l'année dernière a parlé de sa propre expérience, et des experts, également de l'an dernier, ont parlé de la façon dont ils avaient contribué à soutenir l'ensemble. C'est donc hautement public. Je précise : nous voulons que cette cohorte renouvelée soit davantage publique en demandant aux participants d'inscrire leurs projets sur une page publique et de faire éventuellement rapport sur les résultats. Pour nous, la valeur ajoutée est composée des preuves solides pour permettent d'éclairer les décisions, mais aussi de cette communauté plus large où l'apprentissage est commun et où il y a échange d'informations. Ainsi, les gens sont au courant de ce qui se passe. Je pourrais commencer un projet et apprendre que le tel ministère en a fait un l'année dernière, donc m'inspirer de leur projet. On veut donc encourager ce genre d'apprentissage et continuer à construire cette communauté de pratique parce que c'est ce que nous faisons d'une certaine manière : nous essayons de maintenir actif cet espace constitué de personnes passionnées et hautement qualifiées qui veulent vraiment poursuivre ce programme.

Sarah
Nous voulons également représenter l'ensemble de cette démarche. Comment dire... Je n'ai pas l'approbation de la haute direction pour faire une telle affirmation, mais dans ma tête, chaque jour, je vais au SCT et je voudrais être le SCT que je souhaitais avoir lorsque j'étais dans un ministère responsable. Je t'en prie, SCT! Nous aimerions tant te voir retrousser les manches et participer! Cela pourrait aussi être le point de vue d'un citoyen envers le gouvernement. Qui êtes-vous dans votre tour d'ivoire pour réfléchir à ces choses alors que vous n'en avez pas encore fait l'expérience ou que vous n'êtes pas encore venus sur le terrain. Je pense donc que nous pouvons également avoir cette dynamique interne au sein du gouvernement où, au sein du SCT, nous pouvons définir des politiques. Oh, voici la nouvelle orientation stratégique, voici la nouvelle directive, voici le nouveau bla bla, bla. Mais savons-nous réellement en quoi consiste leur mise en place? Et essayons-nous réellement d'aider les ministères? Est-ce que nous leur disons simplement ce qu'ils doivent faire, ou pouvons-nous également les aider? Aussi, pouvons-nous être ouverts à changer? Ha, donc la façon dont nous avons écrit cela est vraiment déroutante. Oui, vous avez raison. Nous n'avions pas pensé à ça. Haa, c'est vrai, cela va à l'encontre d'une autre règle que nous avons établie il y a dix ans. Nous essayons donc d'apporter cet esprit à « L'expérimentation à l'œuvre » : nous voulons savoir comment nous pouvons aider. Et si cela provoque une certaine résistance dans votre ministère parce qu'une partie de ce dernier refuse de s'ouvrir à ce sujet? Alors, nous pourrons aussi vous dire que le SCT invite maintenant à l'ouverture. Même si votre expérience ne s'est pas bien passée faites-en part, parce que cela fait partie de nos nouveaux paramètres par défaut : être ouvert par défaut, partager ce qui n'a pas fonctionné autant que ce qui a fonctionné.

Sarah
C'est très intéressant. Je suis vraiment heureuse de savoir qu'il existe une équipe comme la vôtre. Je dois dire que j'ai été très intéressée par le programme ou la plateforme « L'expérimentation à l'œuvre ». Parce que nous avons cette conversation, ce dialogue constant au sein du gouvernement sur la façon dont nous devons créer un environnement où il n'est pas risqué d'échouer rapidement, et tout cela. Mais la vérité, c'est que la plupart des fonctionnaires ne comprennent pas vraiment ce que cela signifie. Parce que ce n'est pas la culture et la mentalité que nous avons et ce, depuis très longtemps. Il est donc très agréable de savoir qu'il existe des groupes de soutien et des facilitateurs ministériels qui peuvent réellement aider à faire en sorte que cela se fasse d'une manière différente. Nous aimerions que vous nous parliez un peu de vos méthodes de travail, qui sont innovantes et différentes. Pouvez-vous donner quelques exemples et nous dire comment vous pensez que cela vous a permis de mieux travailler, du moins, je suppose.

Pierre-Olivier
Je peux en parler un peu, mais je dirais que Sarah est probablement l'experte principale en matière de gestion de notre propre équipe. Nous utilisons des trucs comme Trello. C'est un outil que vous pouvez utiliser pour structurer votre travail et le diviser en différentes cartes et tâches et avoir une liste de l'accomplissement de ces tâches, etc. Nous utilisons donc cette méthode pour nous assurer que nous consignons vraiment tout ce que nous voulons faire. Et cette partie du travail qui s'étend sur deux semaines pour nous. Et nous tenons régulièrement des réunions. Nous y suivons un certain nombre de procédures. Nous tenons d'abord des réunions pour fixer nos objectifs, puis pour vérifier à mi-parcours si tout va bien, puis une réunion à la fin pour voir si nous atteignons ou non notre objectif. Nous invitons notre gestionnaire à certaines réunions pour qu'il vérifie si le tout a du sens. Nous sommes donc vraiment au courant de nos dossiers et des tâches à accomplir, et nous savons où nous en sommes à tout moment du processus.

Sarah
Ouiiii! Nous allons au-delà de tout ce que les autres nous demandent de faire, simplement parce que nous voulons être vraiment logiques dans notre travail et vraiment clairs aussi, et avoir cette transparence totale. Un jour au début du mois, Pierre-Olivier et moi sortions d'une réunion ou quelque chose du genre, où nous venions d'apprendre de nouveaux renseignements sur des projets qui pourraient voir le jour pour « L'expérimentation à l'oeuvre ». Nous sommes retournés à notre bureau, puis nous nous sommes rendu compte que nous avions tous les deux commencé à mettre à jour la même information dans le même document. Maintenant, heureusement, nous travaillons sur les mêmes documents en temps réel, ce qui nous a permis de remarquer ce qui se passait et nous avons bien ri. Mais cela arrive souvent, n'est-ce pas? Nous sommes tous au courant de cette duplication, mais nous ne savons pas vraiment ce qui se passe. Nous voulions donc simplement le faire savoir au grand jour. Et aussi, c'est une façon de se gérer soi-même. Nous avons ce haut niveau d'autonomie. Un grand merci à notre directeur Nick Chesterley et à la DG Kalli Levesque pour leur précieux soutien. Ils nous font confiance et, chaque fois qu'ils veulent savoir quelque chose, nous pouvons informer ou encore, ils peuvent consulter notre tableau. Nous faisons même des listes de tout ce dont nous voulons parler avec eux avant de faire nos vérifications auprès d'eux, simplement parce que nous savons qu'ils ont très peu de temps. Ces outils ne sont qu'un moyen de travailler dans un environnement ouvert. Donc si j'ai une idée, par exemple si je pense que nous devrions parler d'un truc à Kalli, eh bien, je le mets simplement sur la liste, donc si P-O la consulte, il peut voir que j'y ai déjà mis cette idée. Cela nous donne également la liberté de travailler peu importe où nous sommes,  car nous n'avons pas besoin d'être assis à notre bureau pour savoir ce que font les autres. Nous l'avons déjà planifié, nous avons déjà décidé, et nous nous sommes déjà mis d'accord. Et, bien sûr, il est possible d'apporter des modifications. Mais je pense que cela nous amène ensuite à nous engager fermement en faveur de l'équilibre travail/vie personnelle, et de modalités de travail flexibles et de remplacement. Nous disons parfois à la blague qu'il faut avoir de 1 à 3 enfants pour travailler dans notre équipe, non pas parce que c'est vrai, mais parce que, dans notre équipe, nous avons réellement un pourcentage très élevé de jeunes parents qui ont de jeunes enfants. Et je pense que chacun doit avoir la liberté de choisir le lieu, l'horaire et la proportion de travail qui est optimal pour sa vie, à tel moment, en fonction de toutes les choses que l'on veut faire dans sa vie.

Natalie
Quand tu dis « avoir de 1 à 3 jeunes enfants à la maison », je sais exactement de quoi tu parles.

Sarah
Pierre-Olivier travaille peut-être un ou deux jours à la maison, et je travaille à temps partiel (à 80 %). Nous travaillons également dans différents endroits. Cela nous passionne vraiment, parce que nous voulons prendre plaisir à travailler. Et nous savons que nous ne pouvons pas rentrer chez nous à la fin de la journée épuisés et frustrés, à cause d'un environnement de travail toxique, ou parce que vous avez accepté trop de travail. Ça ne devrait pas être ainsi. Il faut que ce soit durable et agréable.

Natalie
Cela a été très instructif sur le plan personnel, car lorsque j'ai rencontré votre DG pour la première fois, j'ai été instantanément convaincue que je travaillerais un jour pour cette personne. Alors cette séance ne fait que renforcer ma détermination à cet égard.

Sarah
Ils songent à embaucher.

Todd
Alors, à vous qui êtes à l'écoute...

Pierre-Olivier
Mais oui, c'est vraiment génial de travailler dans cet environnement et d'avoir cette approche de notre travail. Nous pouvons le constater, nous pouvons le suivre, nous pouvons l'évaluer. Mais si on ne parle que du plan personnel, je pense qu'il a été fondamental de s'assurer que nous atteignions nos objectifs et que nous maximisions vraiment notre façon de travailler. Et surtout pour un dossier comme celui-ci, qui est vraiment autogéré. Ce que je veux dire, c'est que nous obtenons l'approbation pour nos projets. Oui, allons de l'avant avec « L'expérimentation à l'oeuvre ». Mais cela comprend 75 micro-tâches qu'il faut examiner et comprendre avant même d'en arriver là. Nous devons donc mettre en place un système pour saisir et organiser tout cela. Cela a donc bien fonctionné pour nous. Et vraiment, Sarah fait beaucoup de promotion. Elle part parfois en tournée de présentation pour expliquer ces choses et les présenter aux autres équipes. Ces sujets la passionnent réellement. Et elle a réussi à me convaincre aussi.

Natalie
L'expérience a donc été un succès?

Sarah   
Oui, vraiment! Vous savez, il y a autre chose. Depuis que Dan Monafu et moi avons mis l'équipe sur pied en 2017, je sais que je lui reconnais le mérite d'avoir vraiment apporté ce rituel des réunions sur les échecs du vendredi à notre équipe, parmi de très nombreuses choses. Mais je pense que c'est aussi très important, parce que cela permet de nous assurer que chaque semaine, en principe, nous réunissons l'équipe : nous réservons une salle pour passer du temps ensemble. Nous tenons une séance à huis clos de 20 à 30 minutes et où tout le monde peut s'exprimer. Parfois, nous parlons spontanément si nous avions quelque chose à dire ou encore, on parle à tour de rôle. Et vous savez, c'est un peu comme « Le Bon, la Brute et le Truand », n'est-ce pas? Il s'agit de savoir ce qui va bien, ce qui ne va pas, et si vous avez des questions. J'ai beaucoup réfléchi à ces choses et je les ai analysées sous plein de perspectives différentes. Je crois que l'un des points forts de ces traditions, c'est qu'elles garantissent qu'elles auront bien lieu, peu importe que l'envie y soit. Parce que souvent, la plupart des gens sont probablement ouverts à avoir ces discussions, même la plupart des gestionnaires. C'est une bonne idée de prendre le pouls des membres de l'équipe. Mais cela n'arrivera probablement pas si vous n'en prenez pas l'initiative. Il faut qu'il y ait des activités par défaut. Lorsqu'il s'agit d'une activité régulière, les gens se trouvent à réfléchir à ce qu'ils aiment dans leur travail cette semaine-là. Et à ce qu'ils n'aiment pas. Et aussi, aux causes. Et puis, pendant cette rencontre d'équipe chaque semaine, j'espère que vous vous manifesterez s'il y a des problèmes, que vous en parlerez lorsque ces problèmes ne sont encore que de petits problèmes, sans attendre qu'ils ne deviennent de gros problèmes.

Natalie
Quelqu'un m'a dit, au cours d'une conversation, cette semaine, que le succès se mesurait a l'aspect « évolutivité », qu'il s'agisse d'une expérience réussie ou d'une innovation réussie au sein du gouvernement. Peut-être que cela s'applique en fait davantage à l'innovation qu'à l'expérimentation. Mais qu'en pensez-vous? À quoi se mesure le succès? À quoi ressemble une expérience réussie? Comme nous le savons tous, nous pouvons réussir même dans l'échec.

Pierre-Olivier
Je pense qu'en fin de compte, il s'agit vraiment d'apprendre quelque chose de ce que l'on a essayé. Je veux dire que si vous trouvez que le tel programme n'a pas atteint ses objectifs, vous pouvez considérer cela comme un échec. Et certaines personnes le font, même parfois dans les médias. Cela signifie que si vous avez appris qu'à petite échelle mais que cela n'a pas fonctionné, peut-être que la meilleure ligne de conduite est de ne pas reproduire selon cette échelle ou l'augmenter, alors vous vous concentrez sur autre chose et passez à autre chose. Vous allez donc apprendre de cette expérience. Si vous constatez que votre programme fonctionne comme prévu, voire mieux que prévu, vous aurez alors des preuves pour aller de l'avant et vous aurez confiance en ce que vous faites. Ainsi, la mesure du succès consiste à pouvoir arriver à ce stade d'apprentissage. Un autre type d'indicateur intermédiaire consiste à s'assurer que les résultats sont mis en évidence pa r l'encadrement supérieur. Donc, si vous produisez ne serait-ce qu'un rapport que vous diffusez à vos collègues, je suis certain que les gens peuvent apprendre. Mais s'il n'y a pas de processus officiel pour le porter à l'attention des personnes qui sont en mesure de prendre ces décisions, alors si vous n'êtes pas arrivé à ce stade,  he spécifique qui soutient l'élaboration de politiques fondées sur des preuves ou l'élaboration de politiques éclairées par des preuves. Nous voulons donc vraiment des conceptions robustes ainsi que des mesures robustes. Mais au bout du compte, il s'agit en fait de revenir à ce problème que vous essayez de résoudre et d'orienter les décisions en fonction des preuves produites. Si vous n'arrivez pas à ce stade, je crois que c'est un peu inutile.

Sarah
Je pense qu'une autre indication de l'échelle de la réussite de l'expérimentation, c'est la mise en oeuvre de cette culture de l'expérimentation. La culture et la mentalité qui la sous-tendent, mais aussi les compétences, les connaissances et le savoir-faire qui y sont intégrés, de sorte que le succès amène à une forme d'expérimentation continue. Et c'est assez clair dans notre processus d'appel de propositions, car nous avons différentes options : il est possible de venir seulement observer et apprendre dans le cours, sans diriger un projet. Ou bien, vous voulez mener un projet pré-expérimental parce que vous n'êtes pas prêt à expérimenter car vous avez besoin de rassembler les connaissance fondamentales à propos de cette intervention et de la comprendre. Ou alors, peut-être êtes-vous prêt à faire des expériences? Donc, on voit toutes sortes de cas. Nous voyons des ministères qui savent qu'ils en sont au stade pré-expérimental sur tel sujet. Ils disent : « Nous savons que nous ne pouvons pas encore expérimenter ». Nous savons que nous n'avons pas encore trouvé quels seraient les domaines prometteurs à tester. Nous n'avons pas parlé aux utilisateurs que nous devons atteindre. Donc, ils en sont au stade pré-expérimental, et ils le savent. Il y a aussi des groupes qui pensent qu'ils sont prêts à faire des expériences, mais qui n'ont en fait pas de données. Ils n'ont jamais fait cela auparavant. Nous nous en rendons compte et nous leur disons « Vous devez commencer par ici, n'est-ce pas? » Enfin, nous avons fait venir les groupes qui peuvent nous montrer comme tout ce qu'ils ont fait jusqu'à présent. Et ils disent avoir déjà mené des expériences ou deux ou trois ans de recherche exploratoire et avoir parlé à leurs utilisateurs. Ils disent donc « Nous sommes prêts! » Et nous répondons « Oui, nous pouvons examiner ça ». Donc, je pense que cette échelle de la réussite signifie construire cette base, et se mettre dans une position qui permet de travailler de cette manière.

Natalie
Vraiment très intéressant. Merci beaucoup!

Todd
Merci de votre présence!

Sarah
Merci!

Voix Hors Champs
Vous avez écouté Innover sur demande, présenté par l'École de la fonction publique du Canada. Innover sur demande est produit par Todd Lyons. Notre musique thème est signée « grapes ». Merci de votre attention.

Crédits

Todd Lyons
Producteur
École de la fonction publique du Canada

Natalie Crandall
Chargée de projet, Renseignements d'affaires sur les ressources humaines
École de la fonction publique du Canada

Sarah Chan
Conseillère
Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada

Pierre-Olivier Bédard
Conseiller/Économiste
Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada

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